Lauréate 2018


Maud Simonnot
Lauréate 2018 du Prix Valery Larbaud


"Je suis bien entendu très heureuse, et très fière aussi, de recevoir un si beau prix, mais je suis particulièrement touchée en servant à Robert McAlmon qui, d'une certaine façon, retrouve aussi un peu, presque un siècle après, son ami Larbaud. Les deux hommes ont beaucoup fait pour la littérature et c'est toujours un bonheur, bien modestement, de pouvoir leur rendre encore un peu hommage."

La nuit pour adresse de Maud Simonnot, publié chez Gallimard a été couronné le 11 avril 2018 par le Prix littéraire Valery Larbaud.  


Après des études à Dijon, Maud Simonnot qui a passé toute son enfance dans le Morvan, obtient un master d’édition à la Sorbonne et écrit un mémoire sur l’édition américaine à Paris durant les années 20.  

Alors qu’elle prépare une thèse intitulée La vie littéraire en Bourgogne : 1820-1920, elle prend connaissance du fonds d’archives de l’imprimeur dijonnais Darantière, dans lequel elle découvre l’existence de Robert McAlmon. Maud Simonnot se passionne immédiatement pour le destin extraordinaire de cet éditeur américain. 

De 2008 à 2010, elle est attachée à la littérature à l’Ambassade de France en Norvège. De retour en France, elle devient responsable éditoriale chez Flammarion.

Elle publie en 2010 au Mercure de France Le goût de la forêt, anthologie de textes célébrant la forêt, monde hors de la cité si bien mis en valeur par tant d’écrivains d’Ovide à Marguerite Duras en passant par Joseph Rudyard Kipling et Jean Giono. 

En 2012, elle obtient le poste d’attachée littéraire et membre du Comité de lecture chez Gallimard. 

Pendant toutes ces années, elle n’oublie pas Robert McAlmon qu’elle considère comme incontournable de la vie littéraire parisienne des années 20. Après avoir « dévoré pas moins de 300 livres sur le sujet », elle publie en 2017, La nuit pour adresse

A travers cette biographie romancée et néanmoins très documentée, on découvre la vie tumultueuse et flamboyante de ce dandy libre et généreux. Dès son arrivée à Paris en 1921, Robert McAlmon devient l’un des figures principales du Montparnasse de l’après-guerre. 

James Joyce, Ezra Pound ou encore Katherine Mansfield voient en lui l’un des écrivains les plus doués de sa génération. Puis l’auteur se fait éditeur, créant en 1922 dans un sous-sol de l’île Saint-Louis, une maison d’édition américaine indépendante nommée Contact

Il donne sa chance à un inconnu Ernest Hemingway, publie Gertrude Stein, William Carlos William, Emanuel Carnevali, Ford Madox Ford, Norman Douglas et bien d’autres. 

Fidèle abonné de la librairie "Shakespeare et Compagny", il joue les bienfaiteurs auprès de James Joyce qui lui présente Valery Larbaud.

Mais, Maud Simonnot a aussi voulu montrer l’envers du décor de la fabrique des livres, les relations complexes des éditeurs avec des auteurs parfois bien ingrats. Elle nous fait entendre la souffrance de cet écorché vif qui sait que sa générosité ne sera pas récompensée mais qui, plaçant l’amour de la littérature au-dessus de tout, l’assume avec distinction. 

Maud Simonnot a également obtenu, pour cet ouvrage, le prix Tour Montparnasse dans la catégorie fiction/essais 2017

La nuit pour adresse - Le blog


Eric Faye. Eclipses Japonaises. Seuil, 2016



Résumé :


Entre les années 60 et 80, des individus, japonais pour la plupart et parfois très jeunes, disparaissent sans raison apparente, « cachés des dieux », selon l’expression nipponne. Il faudra attendre le début du deuxième millénaire pour que la Corée du Nord avoue les avoir enlevés pour former ses espions. Eric Faye donne chair à ces individus brutalement dépossédés de leur vie pour enseigner les subtilités de leur langue, de leur culture et servir la propagande du régime au cœur de la guerre froide.




Est-il possible d’éprouver de la joie ou de la satisfaction, treize ans après avoir été 
enlevé ? La mère ne sait que penser…Qui sait ce qui est obligatoire, là-bas ? Lorsque vous êtes tenus de porter arrimé sur le cœur un badge du chef historique souriant, n'avez-vous pas pour devoir de sourire, vous aussi ? Un air grave, triste, n'est-il pas assimilé à un blasphème ?


Biographie :

Né en 1963 à Limoges, Eric Faye a construit une œuvre autour de plusieurs obsessions (le temps, les perdants, la fuite en avant) empreinte également de culture asiatique et d’atmosphères fantastiques.

Il débute en 1992 en écrivant dans la revue « Le Serpent à Plumes », une nouvelle Le Général Solitude, qu’il développera trois ans plus tard dans un premier roman éponyme. En 1997, il publie chez Stock Parij, uchronie située dans un Paris de 1945, partagé en deux zones, l’une occidentalisée et l’autre communiste, tandis que la même année il remporte le prix des Deux Magots pour son recueil de nouvelles fantastiques Je suis le gardien du phare (Corti). 

Ses voyages à travers l'Asie et l'Europe lui inspirent en 2005, Mes trains de nuit (Stock), éloge de la lenteur, de la contemplation et du nomadisme. Dès lors, son œuvre alterne entre littérature de voyage, de fiction et des récits. En 2010, il se rend avec l'écrivain Christian Garcin en Iakoutie (Russie) ; de ce voyage résulte un récit, En descendant les fleuves - Carnets de l'Extrême-Orient russe. (2011, Stock).

Éric Faye participe à de nombreux voyages. Ainsi, en 2012, il se rend en compagnie d’autres écrivains en Sibérie centrale. En 2014, une collaboration avec le photographe Xavier Voirol donne naissance à Une si lente absence (Le bec en l’air), récit relatant le voyage à bord du transsibérien reliant Moscou à Pékin. 

 Pour autant, Eric Faye ne délaisse pas la fiction, en publiant Nous aurons toujours Paris en 2009 (Stock). Dans ce livre dédié aux sentiments, aux pérégrinations et aux rencontres, il évoque l’Afrique, Julien Gracq ou encore Ismail Kadaré, auteur à qui il a déjà consacré plusieurs essais en 1991 aux éditions Corti. 

En 2010, il reçoit le grand prix du roman de l’Académie française pour Nagasaki (Stock), roman inspiré d'un fait divers relatant l'histoire d'un homme qui découvre une intruse vivant chez lui. Deux ans plus tard, Éric Faye devient lauréat de la Villa Kujoyama à Kyôto, période dont il tire un journal, Malgré Fukushima (2014, Corti). 

Eric Faye est également journaliste à l’agence Reuters et traduit des articles anglais. En 2016, est publié Eclipses Japonaises (Seuil), où il met en lumière les destins de citoyens japonais, arrachés à leur quotidien et leur identité par la Corée du Nord.


Marie-Hélène Lafon. Nos vies. Buchet-Chastel, 2017


Résumé :

Dans un supermarché parisien, une femme Jeanne Santoire regarde, suppose, suppute, se souvient. Elle observe Gordana, caissière au Franprix et l’homme sombre qui, tous les vendredis, s’obstine à passer à sa caisse. Jeanne imagine leurs vies, creusant également des galeries dans sa propre existence, qu’elle revisite et recompose.

"J’ai l’œil, je n’oublie à peu près rien, ce que j’ai oublié, je l’invente. J’ai toujours fait ça, comme ça, c’était mon rôle dans la famille, jusqu’à la mort de grand-mère Lucie, la vraie mort, la seconde. Elle ne voulait personne d’autre pour lui raconter, elle disait qu’avec moi elle voyait mieux qu’avant son attaque. "

Biographie :

« Née dans une famille de paysans », selon ses propres termes, Marie-Hélène Lafon voit le jour en 1962 à Aurillac. Après avoir obtenu son agrégation de grammaire en 1987 à la Sorbonne, elle devient enseignante à Paris. En 1996, elle débute l’écriture mais doit attendre 2001 pour publier chez Buchet-Chastel, son premier roman Le Soir du chien qui obtient le Prix Renaudot des lycéens. 

Elle alterne romans et nouvelles dont Organes publié en 2006 dans lequel elle évoque des instants de vie, des rituels provenant de son enfance. L’œuvre de Marie-Hélène Lafon fait sans cesse référence à ses origines, ses lieux de vie et ses souvenirs. L’auteur revendique le côté violemment autobiographique de ses romans. 

Elle décrit un huis clos familial dans Les derniers Indiens (2008) et L'annonce (2009) pour lequel elle reçoit plusieurs prix. En 2012, Marie-Hélène Lafon nous fait le récit de son initiation à la ville sans pour autant oublier la terre de son enfance dans Les pays

Joseph édité en 2014 dresse non seulement le destin d’un homme, mais aussi la fin d’un monde quand les jeunes partent et que les vieux passent l’essentiel de leurs soirées à se souvenir des bons moments. 

En 2015, elle affûte sa plume pour creuser son rapport à l'écriture dans Chantiers publié aux éditions des Busclats. La même année, Histoires (Buchet-Chastel) rassemble la totalité de ses nouvelles publiées par ailleurs et épuisées. 

En 2017, paraît Nos vies, ayant pour sujet la ville et ses solitudes.

Le Temps
Librairie Mollat
France inter


Maud Simonnot. La nuit pour adresse. Gallimard, 2017



Résumé :

Robert McAlmon, dandy libre et généreux, a tout pour devenir une légende. Parisien d’adoption, cet originaire du middle west américain, devient rapidement un incontournable du milieu littéraire des années 20. Considéré comme l’un des plus grands auteurs de sa génération, il se fait aussi éditeur pour Ernest Hemingway ou Gertrude Stein. Il devient à la fois mécène et ami de toute une génération d’écrivains modernistes de ce début du 20ème siècle, un peu à l’image de Valery Larbaud qu’il rencontre par l’intermédiaire de James Joyce.

"Personnalité magnétique" , "Charme fou", "beauté saisissante" et "Homme insaisissable" sont les mots qu’on trouve le plus souvent dans les mémoires de ses contemporains pour le décrire. "Caustique", "irrespectueux", "violemment insatisfait de lui-même" et "sauvage" suivent aussitôt. Les écrivains qui l’ont défendu ont salué une rudesse rafraîchissante et une absence totale d’artifice. Ses proches le décrivent comme un ami "loyal, généreux, drôle, et terriblement malheureux."

Biographie :

Maud Simonnot a passé toute son enfance dans le Morvan. Après des études à Dijon, elle obtient un master d’édition à la Sorbonne et écrit un mémoire sur l’édition américaine à Paris durant les années 20. 

Alors qu’elle prépare une thèse intitulée La vie littéraire en Bourgogne : 1820-1920, elle prend connaissance du fonds d’archives de l’imprimeur dijonnais Darantière, dans lequel elle découvre l’existence de l’éditeur américain Robert McAlmon. 

De 2008 à 2010, elle est attachée à la littérature à l’Ambassade de France en Norvège. De retour en France, elle devient responsable éditoriale chez Flammarion, puis en 2012, elle obtient le poste d’attachée littéraire et membre du Comité de lecture chez Gallimard. 

Elle publie en 2010 au Mercure de France Le goût de la forêt, anthologie de textes célébrant la forêt, monde hors de la cité si bien mis en valeur par tant d’écrivains d’Ovide à Marguerite Duras en passant par Joseph Rudyard Kipling et Jean Giono. 

Pendant toutes ces années, elle n’oublie pas Robert McAlmon qu’elle considère comme incontournable de la vie littéraire parisienne des années 20. Après avoir « dévoré pas moins de 300 livres sur le sujet », elle publie en 2017, une biographie romancée de l’éditeur, La nuit pour adresse qui obtient le prix Tour Montparnasse.

Culture Box
Librairie Mollat
France Inter

Salim Bachi. Dieu, Allah, moi et les autres. Gallimard. 2017


Résumé :

Il s’agit du récit d’une libération, celle de l'auteur qui « comme tous les gamins d’Algérie, vivait dans la crainte de ne pas être assez bon pour échapper au châtiment du Grand Méchant Allah ». Pourtant, Salim Bachi finira par rejeter la religion de ses ancêtres, l’islam, pour se détacher de la nation où il est né. Il refuse également tous les endoctrinements pour trouver refuge dans les livres et la littérature. Entre souvenirs et réflexions politiques, religieuses et historiques, Salim Bachi livre un récit personnel et engagé.

"J’ai essayé pour chaque livre, chaque roman, d’être le plus juste et le plus vrai, de ne rien masquer de ce que je suis, au plus intime, ni de voiler la vérité du monde et des êtres telle qu’elle m’apparaissait…. Il me semble n’avoir trahi ni mes idées ni la haute opinion que je me fais de la littérature."

Biographie :

Salim Bachi naît à Alger en 1971 et passe son enfance à Annaba. A la fois plaisir familial et  refuge face à une maladie génétique qui le fait souffrir, la lecture devient également un rempart contre une école délivrant un enseignement pour le moins obscurantiste. En 1997, il quitte l’Algérie pour poursuivre des études de lettres à la Sorbonne à Paris. Tout en se formant à la l’écriture, il obtient un DEA de lettres modernes.

C’est en 2001 qu’il publie son premier roman chez Gallimard Le chien d’Ulysse, unanimement salué à l’époque par la critique et couronné par le Goncourt du premier roman. Salim Bachi entame alors un cycle d’écriture retraçant l’histoire de l’Algérie allant de la décolonisation jusqu’à nos jours avec La Kahéna en 2003 (Prix tropiques 2004), et Les douze contes de minuit, recueil de nouvelles paru en 2006.

Salim Bachi devient alors dans son pays d’origine « l’écrivain le plus talentueux de sa génération ».

Pensionnaire à la Villa Médicis à Rome en 2005, il fait paraître, l’année suivante un roman qui rompt avec ses précédents ouvrages. En effet, il s’oriente vers des sujets d’actualités avec Tuez-les tous dans lequel il se met dans la peau d’un terroriste du 11 septembre et décortique les mécanismes internes qui secouent l’auteur de l’attentat. Il récidive en 2012, en se glissant cette fois-ci dans la peau d’une « icône » médiatique du terrorisme  islamiste des années 90, avec Moi, Khaled Kelkal publié chez Grasset.

En 2008, paraît Le silence de Mahomet, fiction historique qui  transporte le lecteur à la genèse de l’Islam. Salim Bachi revient sur le contexte culturel qui a permis l’émergence de cette religion et apporte une pluralité de regards sur l'ensemble des faits et gestes du prophète à différentes époques de sa vie.

En 2013, Salim Bachi offre un deuxième regard algérien sur Albert Camus avec Le dernier été d’un jeune homme. Dans ce roman, il s’intéresse surtout à la psychologie de l’homme marqué par son enfance algérienne, à son environnement familial, aux événements qui ont forgé son âme adolescente et aux livres qui ont enflammé son imaginaire.

Son dernier récit Dieu, Allah, moi et les autres, paru cette année, nous offre  une conversation entre lui et sa conscience. Entre un homme et son histoire.


France-Culture
RFI